Des noms de métier au féminin

Autrice et poétesse vous écorchent les oreilles ? Vous trouvez que ce ne sont que d’affreux néologismes inventés par des féministes extrémistes ?

Laissez-moi vous poser d’abord une question :

Est-ce que institutrice, factrice, actrice, réalisatrice, agricultrice, aviatrice, sénatrice, compositrice, animatrice, dessinatrice, directrice… (oui, la liste est longue) vous écorchent aussi les oreilles ?

Est-ce que comtesse, enchanteresse, traîtresse, maîtresse, abbesse, princesse… vous écorchent aussi les oreilles ?

Je serais très surprise que vous me répondiez « oui ». Alors, n’est-ce pas de l’hypocrisie de refuser autrice et poétesse sous le seul prétexte que vous n’y êtes pas habitué ?

Après tout, ces dernières décennies, nous avons intégré quantité de nouveaux mots (souvent anglophones d’ailleurs) à notre vocabulaire sans broncher.

Si autrice et poétesse vous « choquent » autant, n’est-ce pas parce que vous avez l’impression que ces mots portent une revendication qui vous dérange ?

Pourtant, la seule chose que je revendique en utilisant ces termes, c’est d’avoir le droit à un mot qui décrit mon métier, tout comme les factrices, les agricultrices, les princesses, mais aussi les boulangères, les avocates ou encore les pharmaciennes y ont droit.

Quant à l’argument du néologisme, il est erroné.

Ce fut un travail appliqué et volontaire de l’Académie française, peu après sa création, de faire disparaître ces mots du dictionnaire. Je vous invite à ce sujet à consulter la publication très éclairante du compte @cestquoicetteinsulte :

 

woman in black jacket sitting beside woman in white blazer