Des livres qui m’ont influencée, qui m’ont aidée, qui m’ont ouvert de nouveaux horizons dans ma vie d’autrice, il y en a eu beaucoup. Je compte vous en parler peu à peu sur ce blog. Mais pour ce premier article de la série des livres qui m’ont inspirée, je vous propose un petit TOP 3, avec trois livres qui ont véritablement transformé ma vie d’autrice, chacun à leur manière :

– Ellana, de Pierre Bottero : le roman qui m’a montré la voie à suivre

 

– The war of Art, de Steven Pressfield : le livre sur la créativité qui m’a appris à ne pas lâcher

 

– Save the cat!, de Blake Snyder : le manuel de narration qui a tout révolutionné pour moi en m’ouvrant des milliers de chemins

Ellana ; The war of Art ; Save the cat!

3 livres qui ont changé ma vie d’autrice

 

Un livre pour trouver sa Voie

Ellana - Tome 1 du Pacte des Marchombres, de Pierre Bottero

Remontons un peu (beaucoup) en arrière. En octobre 2006 sort « Ellana », premier tome de la trilogie « Le pacte des Marchombres » de Pierre Bottero.

Je viens de fêter mes 19 ans, je suis en école d’ingénieur et j’écris régulièrement depuis trois ans avec des amis. Quand je me plonge dans Ellana, c’est un coup de cœur immédiat. Mais sur le moment, je n’y vois qu’un coup de cœur littéraire :

Je suis fan du personnage d’Ellana.

J’envie sa relation avec Jilano, son maître marchombre.

J’adore la philosophie de vie des marchombres, leur indépendance, leur liberté, la sagesse des meilleurs d’entre eux.

J’admire comment le personnage d’Ellana trace sa route et sa manière de progresser sur la Voie des marchombres sans laisser personne l’arrêter.

Le véritable impact que ce livre a eu sur moi, je ne le comprendrai que des années plus tard, 12 ans pour être exacte.

En 2018, je relis « Ellana ». Et je me rends compte que cette Voie des marchombres, qui me faisait tant rêver au sortir de l’adolescence, je suis en train de la suivre à mon tour. À ma manière. Et que le maître qui m’a montré la voie à travers l’œuvre qu’il a laissée (malgré sa disparition tragique bien trop tôt) n’est autre que Pierre Bottero.

J’ai toujours été fascinée par les « voies » et les relations maître/apprenti qui s’y nouent. Je pense que ce n’est pas un hasard si je suis tombée dans la SFFF grâce à Star Wars et si je me suis passionnée pour le Japon, où tout art peut devenir une voie. Mais j’avais l’impression que ce genre d’expérience était réservé aux romans.

Jusqu’à ce que je réalise, en relisant « Ellana », que j’étais déjà en train de suivre une voie : celle de l’écriture.

Les marchombres sont l’incarnation de l’archétype de l’individualiste/explorateurice (je vous renvoie à mon article sur les archétypes de Jung à ce propos). Ils en ont les buts, les forces et les faiblesses. La quête qu’ils poursuivent sur la voie des marchombres n’est autre que l’accomplissement de vie que recherchent les personnes répondant à l’archétype individualiste/explorateurice.

Si le personnage d’Ellana a eu un tel impact sur moi, c’est parce que son parcours faisait écho à une partie de ma personnalité qui, au sortir de l’adolescence, était encore tenue en retrait par mes différentes peurs et croyances limitantes. Ellana m’a montré qu’une femme pouvait être indépendante, suivre son propre chemin sans demander de permissions, atteindre l’excellence en restant fidèle à elle-même et être libre.

Elle m’a appris qu’il était bon d’avoir des maîtres pour nous inspirer et nous montrer le chemin, mais que la seule personne que je devais chercher à surpasser, c’était moi-même. Qu’ainsi je ne cesserais jamais d’apprendre et de progresser sur la voie. Et que, puisque la Voie peut se parcourir sans fin, l’important n’est pas l’arrivée mais le chemin. 

 

Un livre pour mener le combat de la créativité

The war of Art, de Steven Pressfield

Quand je me suis lancée dans l’écriture, j’étais pleine d’enthousiasme. Mais, rapidement, j’ai connu des passages à vide. Parfois d’une ou deux semaines, parfois de plusieurs mois. Il y avait toujours une bonne raison : « Je n’ai plus de groupe d’amis avec qui discuter écriture. » ; « C’est à cause de la fin de ma thèse, je suis trop fatiguée. » ; « Le projet d’anthologie me prend trop de temps en ce moment, je m’y remettrai après. » ; etc. (Et toutes les autres « bonnes » raisons dont je parle dans l’article sur Le syndrome de l’objet brillant.)

Mes projets d’écriture n’avançaient que par à coup, quand Muse se réveillait et me fournissait un boost de motivation. Sur les conseils d’amies autrices, et en suivant leur exemple, j’essayais de lutter pour conserver une plus grande régularité. Mais je perdais très souvent la bataille et je ne comprenais pas pourquoi.

Jusqu’à ce que je découvre « La guerre de l’Art » de Stever Pressfield (malheureusement quasiment impossible à trouver à l’heure actuelle dans sa traduction française… Personnellement je l’ai dans sa version anglaise « The war of Art ».)

Pressfield y développe un concept majeur : la Résistance.

La Résistance, c’est cette forme de procratination si spécifique aux créatif.ves (ce terme regroupant toustes celleux porteur.ses d’un grand projet qui leur tient à cœur : auteurices, artistes, entrepreneur.ses, grand.es voyageureuses,…)

Quand on pense à la procrastination, on pense en général à la résistance (avec un petit « r ») qui apparait quand on doit réaliser un travail nécessaire, mais qui ne nous fait pas envie. (Voir ma ressource inspirante sur le TED de Tim Urban.)

Pourtant, bien des créateurices font face à une forme de procrastination différente, qu’ils ont du mal à nommer ainsi à cause de la définition communément admise de la procrastination que je viens de vous donner. Pourquoi serais-je en train de procrastiner (i.e. de ne pas avoir envie de travailler) sur un projet qui me tient à cœur et qui doit m’apporter de la joie et de l’épanouissement ? Est-ce que c’est parce que je ne prends pas tant de plaisir que ça à travailler sur ce projet ? Est-ce que c’est parce qu’il ne me tient pas autant à cœur que je pouvais le penser ?

Pendant des années, à chaque fois que je lâchais l’écriture pour quelques semaines ou pour plusieurs mois, je doutais. Je voyais les copines autrices écrire avec une régularité qui me faisait envie, alors que mes propres avancées en dents de scie me donnaient l’impression d’être une impostrice. Pouvais-je vraiment dire que je voulais devenir autrice, que mon projet de roman était un projet sérieux, alors que j’avais de gros passages à vide sur l’écriture ? Alors que je procrastinais sur ce roman soi-disant si important pour moi ?

J’ai longtemps bataillé avec ces doutes et ce manque d’efficacité.

Jusqu’à ce que je découvre la Résistance selon Pressfield, celle avec un grand « R ».

Pressfield la caractérise en détail dans « The war of Art », mais en résumé la Résistance est cette force négative qui s’exerce quand on cherche à mener à bien un projet important pour nous. Un projet qui pourrait changer notre vie en mieux.

D’après Pressfield, la Résistance se manifeste toujours et pour tout le monde. Je crois toutefois que, selon notre caractère et l’éducation reçue, nous y sommes plus ou moins sensibles et nous luttons contre elle plus ou moins facilement.

Si le livre de Pressfield a changé ma vie, c’est d’abord parce qu’il m’a rassurée : la Résistance est normale pour une créatrice, et je n’étais pas une impostrice.

Bien au contraire, si j’y faisais face, c’était justement parce que l’écriture me tenait VRAIMENT à cœur et que mon roman était VRAIMENT important pour moi.

Il y a aussi l’une des phrases de Pressfield qui m’a marquée, au point de devenir l’un de mes leitmotive : « Resistance point the North. » (La Résistance indique le Nord.)

Je prête désormais une grande attention à la Résistance. Quand elle se manifeste sur un projet, je sais que c’est là que se trouve ce qui compte vraiment pour moi.

Et enfin, Pressfield donne le moyen qu’il a trouvé pour vaincre la Résistance. Il ne faut pas attendre que l’inspiration/l’envie/les idées soit là. Il faut se forcer à s’asseoir derrière son bureau et faire le job. Alors la Résistance finira par céder et l’inspiration reviendra. Selon Pressfield, c’est ce qui distingue le professionnel de l’amateur.

J’ai testé, et je peux confirmer que ça marche ! (Même si, bien souvent, le plus dur c’est de se mettre à son bureau. Et, parfois, il faut insister et ne pas lâcher pour que l’inspiration revienne…)

 

Un livre pour les analyser tous, et dans les schémas narratifs les lier

Save the cat!, de Steven Pressfield

Le troisième livre dont je souhaitais vous parler aujourd’hui, c’est celui qui a révolutionné ma vie d’autrice sur le plan technique : « Save the cat! » de Blake Snyder. Ou, pour être plus exacte, « Save the cat! Goes to the movies », qui est le tome 2 mais qui ne nécessite pas d’avoir lu le tome 1 pour être compris et apprécié. (Le tome 1 peut se trouver traduit en français, mais on m’a dit que le contenu en était réduit par rapport à la version anglaise et donc bien moins intéressant. À ma connaissance, le tome 2 n’existe pas en français…)

Snyder y reprend sa structure (universelle, selon lui) d’une bonne histoire, qu’il établit en 15 étapes :

1 – Image d’ouverture
2 – Établissement du thème
3 – Mise en place
4 – Élément catalyseur
5 – Débat
6 – Bascule vers l’acte 2
7 – Histoire secondaire
8 – Amusement et jeux (ça sonne mieux en anglais : « Fun and games »)
9 – Point central
10 – Les méchants se rapprochent
11 – Tout est perdu
12 – Nuit sombre de l’âme
13 – Bascule à l’acte 3
14 – Final
15 – Image finale

Dans ce tome 2, Snyder ne s’attarde cependant pas à expliquer en détail sa structure (c’est le propos du tome 1). Il l’applique par contre comme fiche de lecture à des dizaines d’œuvres très connues, classées selon dix genres. Ce manuel propose donc un apprentissage par l’exemple. J’ai trouvé que ça le rendait extrêmement didactique et puissant !

J’ai découvert « Save the cat! » grâce à un ami auteur (Paul Beorn, dont vous pouvez retrouver l’interview ici), à une époque où j’étais complètement bloquée sur mon roman Byakko. Ce fut une révélation pour moi !

Jusque là, j’avais navigué à l’estime pour construire mes romans. Mais j’en étais arrivé à un point où mon instinct me faisait défaut. Je sentais confusément que quelque chose ne fonctionnait pas bien et m’empêchait d’avoir une vision claire de la suite de l’histoire, sans savoir quoi exactement…

Et tout à coup, grâce à Snyder, je me suis retrouvée avec un plan de route !

Clair, limpide, tellement évident dans les exemples que donne Snyder… Un plan de route qui a résonné en moi et qui, appliqué à mon roman, m’a permis de trouver tout de suite ce qui ne fonctionnait pas dans mon schéma narratif.

J’ai pris mes scènes comme autant de pièces de puzzle (j’avais même imprimé et découpé leurs vignettes de Scrivener pour pouvoir les manipuler comme un vrai puzzle). Je les ai réagencées selon la structure de Snyder, et là le miracle s’est produit !

Le rythme de l’histoire se dévoilait, chaque scène semblait enfin à sa juste place pour apporter toute sa puissance au roman, et mon horizon d’écriture s’est dégagé…

De ce jour, je suis tombée en amour de la structure de Snyder et elle est devenue l’un des fondements de ma technique d’écriture.

Est-ce que cette structure est aussi universelle que le prétend Snyder ? Sans doute pas. Il doit être possible de trouver des contre-exemples. Ce qui est certain par contre, c’est que plus de 90% des œuvres (des œuvres occidentales, en tout cas) y répondent. Point qui, à mes yeux, annihile instantanément toute peur d’obtenir un résultat formaté en appliquant cette structure. Sauf si vous trouvez que Le parrain, Alien, Ocean’s Eleven, Titanic, Blade Runner, Forrest Gump et Le roi lion (pour ne citer que ceux-là) sont formatés sur le même moule…

La structure de Snyder reprend la très connue structure en 3 actes, mais l’enrichit pour en faire un plan plus complet. Et, à travers l’analyse de dizaines d’œuvres, Snyder nous montre toutes les subtilités qui peuvent se cacher derrière chaque étape de sa structure. Tous ces exemples m’ont aussi permis de comprendre en profondeur, bien plus qu’avec simplement de la théorie, l’utilité narrative de chaque étape et ce qu’elle permet d’apporter à l’histoire.

Avec le recul, j’ai pris conscience que la structure de Snyder m’a apporté bien plus qu’un schéma narratif : elle m’a fourni une carte pour construire l’émotion dans mes histoires.

Et c’est bien là le but ultime d’une bonne histoire, non ? Créer de l’émotion !

 

C’est ici que je vais conclure ce très long article (vous avez le droit de m’accuser d’être trop bavarde).

 

Je vous donne rendez-vous au prochain article pour un nouveau bout de chemin à arpenter ensemble.
D’ici là, écrivez bien !

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